HISTOIRE DE LA VILLE DE
QUETIGNY

 

Rien d'ancien dans ce village ! Tout y est moderne, même le château datant du XVIIIe, même l'église reconstruite en 1842... Ainsi décrite par un bon auteur, Quétigny ferait fuir les historiens les plus assidus. A tort. Car, pour moderne qu'elle apparaisse aujourd'hui, la commune est riche d'un passé qui mérite qu'on s'y attarde...

Quelle fut l'origine du village ? Selon le même auteur, probablement des villas bâties au confluent de la Mirande et du Cromois par quelques riches Dijonnais ou, peut-être, par des soldats de la cinquième légion romaine. Deux cercueils de pierre, trouvés en 1855 dans le lit du Cromois, lieu dit « en Galagat », le laissent penser. Le Galagat se situait alors derrière l'église. Et le Quétigny contemporain regorge encore de noms de lieux-dits évocateurs d'autrefois : la Chapelle, l'Homme mort, le Pont au prêtre, le Brûlé, Tirevaude, les Séherons, terrains secs et arides, les Nasoires, lieux humides où croissent les joncs, les Brousses, petits bouquets de bois, les Huches, le Creux du Suchot, etc. Nul doute : Quétigny existait, bel et bien, avant l'invasion des Barbares, Wisigoths, Alamands, Ostrogoths et... Burgondes !

Après avoir été la propriété de l'Eglise, Quétigny est en proie aux nouveaux envahisseurs du XVIe siècle : reîtres puis ligueurs y sèment ruine et désolation. Sans préjudice des troupes de Gallas : « Des hauteurs de Talant et de la tour du Logis du roi », on voyait l'affreux spectacle d'un incendie de vingt lieues, dévorant toute la plaine jusqu'au bord de la Saône... »

Vient la Révolution. Les pauvres gens de Quétigny deviennent propriétaires de leurs terres. Plus tard, les troupes de réserve campent sur le territoire du village avant d'aller vaincre à Marengo. Mais l'histoire bégaie : sous le Second Empire, les Allemands reviennent dans la plaine. Sous l'occupation prussienne, les pertes subies par Quétigny s'élèvent à 54236,58F. En 1842, on jette bas l'édifice roman de Saint-Martin, en forme de croix latine et surmonté d'une tour carrée. Une église nouvelle va mirer son toit dans le Cromois.

A la fin du XVIIIe, le village compte 291 habitants. Sa population semble former une grande famille. Les gens d'ici sont appelés les « cousis », nom patois dérivé du mot « cousins ». On vit dans une quasi-autarcie, entre cultivateurs, manouvriers, journaliers et propriétaires terriens. Jusqu'en 1960, la gazette parle moins de Quétigny que de ses voisins du hameau de Mirande ou de Chevigny-Saint-Sauveur. C'est si vrai qu'une nouvelle résidente à Quétigny a noté que lors du passage du 110 volts au 220, les ménagères n'avaient guère montré d'empressement pour changer leurs appareils électriques. Et pour cause : elles repassaient encore leur petit linge au fer à plaque et moulaient le café à la main...

Mais revenons au début de notre siècle. Seuls quelques téméraires s'aventurent à vélo jusqu'à la « ville », éclairés par leur lampe à carbure. Un mauvais chemin de terre cahoteux mène à Dijon et la population de Quétigny ne compte alors que 70 familles. Elles ont pour nom Renard, Nicolardot, Prieur, Bruley, Baracco, Perreaux, Cottenet, notamment. La cité est divisée en trois parties, semblables à trois hameaux, n'ayant que peu de rapports les uns avec les autres. On vit essentiellement de la terre, cultivant les asperges, la pomme de terre mais aussi la vigne, derrière le château de la Motte, sur la respectable surface d'une douzaine d'hectares. Et l'on vient se réchauffer le gosier à la goutte que distille l'alambic du café Cottenet, fruit des vergers des alentours.

"Un logement, un emploi, un arbre": c'est autour de ce programme simplissime (et jugé bien utopiste par ses détracteurs) qu'est conçu le développement de Quétigny au lendemain des année 1950. Transformer un village en une ville, sans qu'il perde son identité : c'est la tâche à laquelle s'attelait un conseil municipal composé de jeunes agriculteurs, ouvriers et artisans sous la houlette de leur maître à penser : Roger Rémond.

L'alternative était simple elle aussi : ou disparaître dans l'anonymat de l'urbanisation galopante à partir du centre de Dijon, ou construire le devenir de la cité en prenant en main l'élaboration de ses projets d'aménagements. C'est bien évidemment cette seconde voie qui était choisie, et pour la mettre en oeuvre, les responsables locaux allaient intervenir dans trois domaines complémentaires :
- le contrôle foncier, pour permettre simultanément le remembrement agricole et la libération des espaces nécessaires à l'urbanisation (270 ha) ;
- l'intervention directe dans l'aménagement : en créant, dès 1966, une régie municipale d'expansion et d'équipement permettant à la collectivité locale de respecter ses plans et son échéancier;
- la valorisation de l'espace communal, en facilitant la réalisation d'importantes installations d'enseignement agricole et de développement agronomique, ainsi que l'ouverture d'un hypermarché (Carrefour), prémice d'un centre commercial régional à naître.

Conçu au début des années 1960, en prenant en compte l'ensemble de son territoire (partie à urbaniser, partie réservée aux exploitations agricoles), l'aménagement de Quétigny faisait figure de pionnier, à l'heure où les fameux "P.O.S.", plans d'occupation des sols n'existaient pas encore.

Pratiquement, il s'agissait d'acquérir près de 250 ha de terres agricoles appartenant à 90 propriétaires, exploitées par 22 agriculteurs, démolir 18 habitations et déplacer 4 bâtiments, ce qui fut fait sans avoir recours à la procédure d'expropriation. Au terme d'un long dialogue et de véritables négociations avec les exploitants agricoles, le conseil municipal avait pris deux décisions :
- maintenir et reconstituer la structure de leurs exploitations;
- respecter les intérêts légitimes des propriétaires.

Ce qui fut fait, soit par le versement d'une indemnité viagère de départ en capital/hectare, soit par l'intervention de la SAFER sur les sols en mauvais état (oseraies, taillis, etc.), soit en offrant aux agriculteurs acceptant de se réinstaller hors de la commune, une indemnité de 3 500 F l'hectare (valeur 1965). La même année, à l'occasion de la pose de la première pierre de l'ENITA, Edgar Pisani, ministre de l'Agriculture, déclarait : "Il se passe ici une aventure dont, bientôt peut-être, dont bientôt sans doute, dont bientôt nécessairement, il faudra reproduire l'image partout en France".

Promesses tenues, projet réalisé comme en témoignent ces dates égrenées de 1960 à 1980 :
- 1960-1962 : esquisse de répartition du territoire communal en zones d'habitation, d'activités et agricoles;
- 1962-1963 : création de la zone industrielle de l'Europe (40 hectares) ;
- 1965 : début du remembrement ;
- 1967 : construction d'un centre commercial provisoire au centre de la ville ;
- 1968 : le conseil municipal répond favorablement à l'installation d'un hypermarché de 10000 m2 de surface de vente;
- 1970 : 700 logements collectifs sociaux et 200 maisons individuelles construits en 4 ans accueillent 3 350 habitants dont près de 80% ont moins de 35 ans. 1 000 emplois industriels et commerciaux ont été créés ; deux groupes scolaires recoivent 700 élèves ; les établissements agricoles abritent 600 étudiants ; de nouveaux espaces verts sont aménagés sur 10 ha ;
- 1970-1974 : création de la zone d'habitation de la Fontaine-aux-Jardins, dernière étape de l'urbanisation ;
- 1973 : création de la zone d'activités "le Champ-aux-Métiers" dont les 17 ha sont réservés aux artisans ;
- 1975-1976 : achèvement du quartier résidentiel de 308 logements "Quétignerot" ;
- 1975-1978 : aménagement de la place Centrale
- 1979 : création de la zone industrielle et commerciale des Charrières . 70 000 m2 de jardins familiaux sont mis à la disposition des habitants, permettant de créer 261 jardins.

C'est ainsi qu'au début des années 80, il ne reste que 700 logements à construire et 1 500 emplois à créer pour boucler le projet initial. C'est une équipe animée par Hervé Vouillot, "fils spirituel" de Roger Rémond, qui s'y attachera.

Le quartier du Grand-Chaignet fut le dernier grand quartier de la ville, conçu dans le plan masse d'origine. Mais la grande affaire de l'époque, c'est le lancement de Cap Vert : 80 ha mobilisés à l'entrée de la cité en venant de Dijon, pour y créer un pôle d'activités et de loisirs. Il verra le jour en 1988, après avoir défrayé la chronique. Force est pourtant de constater qu'il engendre 1 000 emplois nouveaux environ, la création d'un golf public en plein développement, l'apparition d'un deuxième parc tertiaire avec l'arrivée d'un leader de l'informatique : Office S.I. Le Grand Marché et le Cap Vert sont devenus les mamelles nourricières de l'économie quétignoise, forte aujourd'hui de 4 700 emplois privés.

Aux innovations d'urbanisme se sont ajoutées plusieurs actions sociales originales qui donnent un caractère particulier à la ville : le centre de réfugiés de la Croix-Rouge, le centre de la Mirandière, premier centre de soins palliatifs de Bourgogne, et, plus récemment, le Pré Vert, projet d'insertion sociale gérée par la Croix-Rouge avec le soutien de la ville et du département.

Les années 1990 ont été marquées par un autre projet innovant qui semblait au départ un défi singulièrement périlleux : rassembler dans un même lieu les services sociaux de l'Est dijonnais. Cette entreprise a exigé 6 ans de démarches, réunions et concertations. Aujourd'hui, le "Guichet unique de l'Est dijonnais" a trouvé sa place dans le vieux château de la Motte.La commune a regroupé en un même lieu un ensemble de services sociaux et d'aide à l'emploi à destination de ses habitants mais aussi des communes environnantes. Le lieu est particulièrement bien identifié puisqu'il s'agit du château de la Motte.

L'objectif est de rapprocher les services publics des habitants qui étaient dispersés à différents endroits de Dijon et de Quétigny. Dans ces locaux, le "Château-Services", outre le service "Espace-Solidarité-Famille" du département, sont également installés les services municipaux (service social, CCAS, Agir pour l'emploi). La CAF a implanté dans un bâtiment neuf annexe un service délocalisé pour tous les allocataires d'un secteur qui s'étend jusqu'à Pontailler.Mais l'originalité de la réalisation a été d'associer à ces services de l'Etat, de la commune et du département un guichet unique, lieu d'accueil et d'information qui permet à chacun de s'orienter au mieux dans le dédale administratif complexe des prestations sociales et familiales, de l'orientation, de l'insertion professionnelle et de la recherche d'emploi. Le château de la Motte qui avait été acquis par la commune a ainsi trouvé une nouvelle destination. Sa restauration sera complétée, cette année, par un jardin public à la française.

Toutes les communes du secteur (Arc-sur-Tille, Bressey, Chevigny, Couternon, Crimolois, Remilly, Sennecey et bien sûr Quétigny) ont ainsi à leur disposition les services les plus divers : Point information jeunesse, Centre d'information et d'orientation, ACTILEC, Atelier de recherche d'emploi ANPE, Mission locale, ADEJ, CFA la Noue, service social d'aide aux émigrants, conciliateur de justice, centre d'information sur le droit des femmes, espace solidarité et famille de l'Est dijonnais, antenne de gestion de la CAF...

Au fil des ans, de nouveaux services ont été offerts aux habitants (animations d'été, PasseSports-Loisirs, Agir pour l'emploi, natation scolaire) et la qualité de vie maintenue grâce aux espaces verts, à la convention de quartier, à de nouveaux aménagements dans les quartiers pavillonnaires. Ils ont été rendus possibles par l'essor économique de la cité qui compte désormais près de 500 commerces, entreprises, artisans et activités de service. N'oublions pas non plus la lutte menée par Quétigny contre les excès de la publicité. Dans un arrêt fameux, le Conseil d'Etat a établi la "jurisprudence Quétigny", grâce à laquelle l'entrée de la ville sur les axes principaux ne compte plus de panneaux publicitaires.

En 2000, Quétigny a eu son complexe cinématographique (douze salles!). Une affaire qui a fait grand bruit et que beaucoup redoutaient... comme le Cap Vert en son temps !

Dernier projet pour Quetigny, qui au recensement n'a pas atteint les 10000 habitants escomptés: les "Allées cavalières", quartier pavillonnaire d'environ 300 lots dont la construction a enfin débuté...